Bonjour à tous, 

Aujourd'hui, je souhaitais partager avec vous un extrait du roman de Nina Oktava, "Péripéties d'une Potterhead amoureuse Tome 1 - La face cachée des apparences". Vous pourrez trouver l'auteure sur Facebook ici.

Il s'agit d'un post Facebook, sous forme de lettre ouverte. 

« Ça fait longtemps que j’entends les gens autour de moi aborder des thèmes comme le viol et délirer sur le fait qu’on devrait castrer, condamner à mort et tout le tralala. J’ai fermé ma gueule tout ce temps, parce que j’ai pris l’habitude de faire comme si ces sujets-là n’existaient pas en société. Par peur de m’effondrer publiquement, de laisser  paraître trop de choses. Ainsi, très peu de personnes se sont un jour aperçues que je me taisais subitement quand cela était mis sur al table dans une conversation de groupe, voire que je me mettais littéralement à trembler. Ou alors, je sors un truc comme « J’ai froid » et on me croit. Mais ce soir, j’en ai marre. 

C’est facile de crier au scandale et au meurtre quand on voit ça de l’extérieur. C’est bien mieux que de les féliciter, soyons claires. Mais ce serait bien qu’un jour, on arrête un peu de déblatérer sur les violeurs et qu’on pense un peu aux victimes. Vous croyez que c’est ce qu’elles veulent, les victimes ? Eh bien je vais vous le dire : non, ce n’est pas ce qu’elles veulent. Ce qu’elles veulent, c’est arrêter de se demander ce qu’elles ont pu faire pour mériter ça. De se dore que c’est de leur faute, parce qu’elles ne trouvent pas de meilleures explications. Elles veulent cesser de se réveiller en hurlant la nuit parce qu’elles revivent, encore, et encore, et encore la même scène, dans leurs cauchemars. Elles voudraient ne pas sursauter quand quelqu’un leur serre un peu trop de poignet, ne pas faire de crises d’angoisse pendant une IRM du genou parce qu’elles sont attachées, ne plus craindre les regards ou l’intimité avec les autres. Ce qu’elles souhaitent par-dessus tout, c’est oublier, tout en sachant que ça n’arrivera jamais. Et entendre tout le monde prôner encore et encore de la violence en face d’elles, ça ne les aide pas. 

Je n’ai jamais vraiment souhaité sa* mort. Je n’ai jamais souhaité qu’il souffre comme j’ai souffert, qu’il vive l’Enfer que j’ai vécu et que je vivrai sûrement jusqu’à la fin de mes jours. Alors que c’était de sa faute, pourtant. J’ai juste souhaité oublier, le voir disparaître de ma vie. Et quand il a eu son accident, que j’ai appris qu’il ne se réveillerait jamais du coma … Je n’ai rien ressenti. Hormis une pointe de soulagement, juste pour se dire qu’il ne referait jamais à personne ce qu’il m’avait fait et ce qu’il leur avait fait. Mais je n’étais pas satisfaite, je n’étais pas vengée. Savoir qu’il ne me fera plus jamais de mal, ça ne m’empêche pas de hurler la nuit, ça ne m’empêche pas de craquer en plein amphi parce que je sors d’une conversation sur le sujet avec des gens de ma promo, ça ne m’empêche pas de paniquer quand on m’enserre le bras, ça ne m’empêche pas de ressentir une peur irraisonnée quand quelqu’un fait preuve d’un peu trop de manifestations de violence en face de moi, et ça ne m’empêche toujours pas de penser que ce qui est arrivé, je l’avais mérité. 

On vit dans une société où punir les coupables deviendra bientôt plus important que de tenir compte des victimes/ Je ne parle pas de ce que fait l’Etat, parce que là-dessus, soyons honnêtes, il ne fait pas toujours grand-chose. Juste, la mentalité humaine est aujourd’hui orientée vers la révolte, la violence, la vengeance… Mais ça n’apportera la paix à personne. Ça n’aidera personne. Qu’on mette en taule ou en hôpitaux psy ces criminels et ces malades, qu’on les enferme pour les empêcher de récidiver, et qu’on cesse de regarder les victimes comme des tarées parce qu’on ne comprend pas certaines de leurs réactions. Qu’on cesse de les blinder d’une pitié écoeurante, et qu’on commence à en tenir réellement compte. Croyez-moi, ça sera bien plus utile que de rajouter une dose de violence, toujours…

À bons entendeurs. »

©Nina Oktava - Péripéties d'une Potterhead amoureuse T1 - La face cachée des apparences