J’ai décidé d’emmener mon petit frère visiter le Château de Versailles.

Nous sommes arrivés vendredi soir. Aujourd’hui, samedi, nous avons beaucoup marché, et la chaleur combinée à nos douleurs respectives au pied gauche, nous ont épuisé. Il est vrai que parcourir quinze kilomètres à pieds, avec un métatarse cassé pour lui, et une entorse à la cheville pour moi, n’était sûrement pas l’idée la plus judicieuse. Mais visiter ce lieu d’exception, nid de grandeur, de beauté et d’histoire, justifie tous les efforts.

Ce soir donc, après avoir parcouru les jardins en tous sens, et visité les deux châteaux de Trianon, nous avons fait une singulière rencontre : un jeune homme, se présentant sous le nom d’Alex, nous a dévoilé un extrait de sa prochaine pièce de théâtre, une parodie. Après avoir partagé un repas avec lui, nous avons dû le quitter pour retourner au château. Comme il l’a dit, « les rencontres éphémères sont souvent les meilleures ».

Nous nous sommes donc rendus au château. Ce lieu d’exception était en effet pour un soir le théâtre d’incroyables danseurs / acteurs, en costume d’époque pour les uns, plus bariolé pour les autres.

Au milieu de la merveilleuse Galerie des Glaces, dos aux hautes fenêtres et au Soleil couchant, qui frappait les miroirs et les lustres de ses rayons, et illuminait chaudement tout l’espace, les danseurs évoluaient.

Deux couples m’ont particulièrement interpelée. D’abord, deux compagnons sortant tout droit du 18è siècle, aux perruques longues, brunes et ondulées, vêtus pour Madame d’une robe couleur chocolat, et pour Monsieur d’un costume de la même couleur. Le second couple portait des tenues colorées. L’homme avait un gilet sans manches, et un pantalon. La femme portait un haut court, et un pantalon surmonté d’une jupe en tulle, ainsi qu’un masque en tulle retenu par un bandeau doré. Leurs tenues fluides, leurs traits fins, et leur air espiègle leur donnait l’air de fées.

Ce qui m’a marquée, c’est leur sourire. Un magnifique sourire, plaqué sur leur visage, du début à la fin du spectacle. Et en les voyant évoluer, complices, joyeux, avec tant de grâce, on ne pouvait douter que ce sourire était sincère, et non uniquement de façade.

Les voir partager leur passion entre amis, dans l’air joué par les musiciens, était merveilleux.

Et quand j’ai vu dans leurs yeux, une fois leur représentation achevée, le reflet des étoiles présentes dans les miens, une bouffée de joie et de bonheur m’a envahie. Etre là, dans la Galerie des Glaces scintillant de tous feux, auprès de personnes heureuses de partager avec nous leur passion, m’émerveillait au plus haut point. J’aurais pu rester là des heures.

Puis la réalité m’a rattrapée, et nous avons continué notre visite. Mais le souvenir de ce spectacle reste ancré dans ma tête.